L’Algérie vit, ces dernières années, une accélération remarquable de sa transformation numérique. Portée par une volonté politique forte, cette mutation vise à construire une économie diversifiée et durable fondée sur la technologie, l’innovation et la connaissance. La numérisation n’est plus un simple slogan : elle devient une réalité tangible à travers le déploiement des infrastructures, l’expansion du haut débit et l’arrivée prochaine de la 5G.

Un état des lieux prometteur

Selon les dernières statistiques, le nombre d’internautes en Algérie a atteint près de 33,5 millions en 2024, soit plus de 70 % de la population. Cette progression spectaculaire s’explique par la généralisation des smartphones et l’amélioration des réseaux 4G et de la fibre optique.

Le pays mise également sur le projet de dorsale transsaharienne en fibre optique, reliant l’Algérie aux pays d’Afrique subsaharienne. Ce projet stratégique, combiné aux extensions nationales du réseau FTTH (Fiber to the Home), constitue la base d’un écosystème numérique solide et interconnecté.

En 2025, les autorités ont franchi une nouvelle étape en attribuant les licences commerciales de la 5G aux trois principaux opérateurs : Mobilis, Djezzy et Ooredoo. Cette évolution ouvrira la voie à des applications à faible latence, à l’Internet des objets, à l’intelligence artificielle et aux villes intelligentes.

Pourquoi cette transition est-elle cruciale ?

La numérisation représente un levier majeur pour la croissance économique et sociale.
Grâce à l’amélioration de la connectivité, des secteurs clés tels que l’éducation, la santé, l’agriculture et l’industrie peuvent franchir un cap décisif.
L’enseignement à distance devient accessible, les services de santé numériques se multiplient, et les start-up technologiques se développent, portées par la montée de l’e-commerce et des paiements en ligne.

Sur le plan administratif, la transformation numérique constitue un outil essentiel pour réduire la bureaucratie, renforcer la transparence et améliorer la qualité des services publics.

Les défis à surmonter

Malgré les progrès réalisés, plusieurs obstacles freinent encore la transition numérique :

1. Les disparités régionales, avec une couverture Internet inégale entre zones urbaines et rurales.

2. Le manque de compétences numériques, notamment au sein de l’administration et des entreprises publiques.

3. Un cadre législatif perfectible, qui nécessite une modernisation en matière de protection des données et de transactions électroniques.

4. Un accès limité au financement pour les start-up et les projets innovants.

Scénarios d’avenir : entre ambition et réalité

Si l’Algérie poursuit sur cette lancée, en combinant investissement, formation et gouvernance numérique, elle pourrait devenir d’ici 5 à 7 ans un pôle technologique émergent en Afrique du Nord.
Le déploiement de la 5G, associé à la fibre optique, ouvrira la voie à l’industrialisation intelligente, à la digitalisation des services publics et à l’essor d’une économie basée sur les données.

Cependant, sans réforme structurelle et sans accompagnement des territoires ruraux, le risque d’une fracture numérique grandissante demeure réel, limitant les retombées positives à quelques grandes villes.

Les leviers à activer

Pour réussir sa transition numérique, l’Algérie gagnerait à :

• Accélérer le raccordement en fibre optique des écoles, hôpitaux et institutions publiques.

• Mettre en place un plan national de formation aux compétences digitales pour les jeunes et les fonctionnaires.

• Moderniser le cadre juridique relatif à la cybersécurité, à la protection des données et aux paiements électroniques.

• Stimuler l’investissement par des incitations fiscales et financières destinées aux acteurs de la tech.

• Soutenir la création et la croissance des start-up locales à travers des incubateurs et des fonds d’amorçage.

Conclusion

La transformation numérique de l’Algérie n’est plus une option : c’est une nécessité stratégique pour bâtir un modèle de développement inclusif et durable.
Les fondations sont désormais posées — infrastructures, connectivité, capital humain — mais la réussite dépendra de la continuité des réformes, du déploiement effectif des politiques publiques, et de la confiance numérique des citoyens.

Si ces conditions sont réunies, l’Algérie a toutes les cartes en main pour devenir non seulement consommatrice, mais aussi productrice de solutions numériques au service du continent africain.